APRÈS une saison musicale 2018 bien remplie, la plus parisienne des Japonaises, la talentueuse Yoko Kaneko, - une des meilleures pianofortistes du monde musical actuel -, nous invite à l'auditorium Colbert de la BNF qui abrite l'Institut national de l'histoire de l'art 1, pour une soirée exceptionnelle présentée par M. Étienne Valère, conservateur BNF. L'incontournable et brillant violoncelliste Christophe Coin l'accompagnera dans cette nouvelle aventure musicale sur la Sonate Arpeggione de Schubert créée, sur commande, en 1824, par le célèbre compositeur en l'honneur de ... l'arpeggione. Cet instrument hybride à six cordes inventé l'année précédente par le luthier Johann Georg Staufer comme déclinaison d'une "guitare à archet", se révélera finalement peu commode à jouer, le jeu à l'archet étant rendu très délicat. Passionnés de musique ancienne, ces deux grands chambristes présenteront ainsi demain soir une nouvelle transcription de l'œuvre schubertienne dans ce lieu historique de l'Art en faisant entrer le pianoforte Walter Clarke de Yoko Kaneko et l'arpeggione de Christophe Coin.
Pianos historiques
C'est à la Tōhō-Gakuen de Tokyo que Yoko Kaneko commence ses études musicales. Elle a quatre ans et la méthode Kodály sera le déclencheur d’une très grande carrière. « Je suis très fière de mes études japonaises », me dit-elle. Ayant été sélectionnée, elle a obtenu une bourse du gouvernement français. Elle s'installe à Paris puis entre au CNSMD en 1987 dans la classe de piano de Yvonne Loriod-Messiaen, puis de Michel Béroff, et celle de Jean Mouillère pour la musique de chambre. Elle reçoit également les conseils de grands maîtres tels que Germaine Mounier, Jean Hubeau, György Kurtag et Menahem Pressler 2..
En 1991, elle obtient les premiers prix de piano et de musique de chambre ainsi que le diplôme d’analyse et est acceptée en cycle de perfectionnement de musique de chambre à l’unanimité. « J’essaie de rendre authentiques les œuvres des grands compositeurs en connaissant d’abord leur style spécifique pour pouvoir obtenir ensuite une interprétation juste », me confie-t-elle avec cette passion musicale si belle à voir et à entendre. Inspirée par les pianos historiques, elle acquiert la pratique de ces instruments avec Jos van Immerseel, à l’origine de la création de la classe de pianoforte au CNSM de Paris en 1992. Elle commence sa carrière de pianofortiste en 2005, dès l’arrivée de son pianoforte. Cette grande artiste a créé le Quatuor Gabriel en 1988. Depuis, elle enchaîne les concerts internationaux et les enregistrements et obtient les plus hautes récompenses musicales.
Les éditions successives de la sonate nous l’ont présentée dans des transcriptions diverses (pour violon, violoncelle, alto ou instruments à vent), mais le manuscrit original de Schubert, conservé au département de la Musique de la BNF, incite à redécouvrir l’œuvre dans sa conception initiale.
Une soirée musicale originale et de qualité à ne pas manquer.
Pour la rédaction d'Art'issime
Pierre-Émile GIRARDIN
1) INHA, auditorium, Galerie Colbert, 2, rue Vivienne, 75002 Paris à 18 heures (Métro Bourse, Pyramides, Quatre-Septembre, Palais-Royal). Entrée libre.
2) XIIe Festival de musique de chambre à Giverny : Passion et Enthousiasme (Art'issime n°38)
3) Photos : DR et PEG